Afin de parvenir à un accord politique, les partis discutent actuellement de la possibilité de «suspendre» la réforme des retraites adoptée en 2023.
A lire aussi
La logique des élus est compréhensible : depuis 2022, le niveau de vie moyen des salariés a chuté, de 2,5 % environ. Il est donc normal de porter une mesure de progrès social, surtout dans une période de détestation du pouvoir − et des élus en général − aussi forte.
Seulement voilà : en 2024, notre système de retraites affichait déjà un déficit de 6 milliards d’euros, appelé à se creuser. Est-il raisonnable de vouloir l’aggraver ? Surtout que le véritable chiffre est bien pire.
En 2024, 353 milliards d’euros de retraites ont été versés. Mais, comme l’explique l’ancien haut fonctionnaire Jean-Pascal Beaufret, seul 80 % de cette somme provient des cotisations sociales, ou d’impôts dont la recette leur est affectée. Les 20 % restants – soit 70 milliards – sont comblés par des subventions, versées par l’Etat, les collectivités locales, les hôpitaux, etc. Qui viennent s’ajouter au financement officiel, visible, des retraites, le seul recensé par la Cour des comptes.
Pourquoi pas, dira-t-on ? Sauf que pour parvenir à rassembler les sommes nécessaires, l’Etat procède à une étrange opération comptable.
La «comptabilité créative» de l’Etat-employeur
Dans le