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Récit

«A chaque mort du trafic de drogues, on se demande comment faire son deuil» : comment l’idée d’un lieu de mémoire est née à Marseille

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L’idée d’installer un monument aux morts est née dans les collectifs d’habitants des quartiers populaires et de proches des victimes. Ils y voient une façon de lutter contre l’indifférence qu’ont longtemps manifestée de nombreux responsables politiques.
Des membres du collectif «Trop jeune pour mourir» à Marseille, en 2016. (Boris Horvat/AFP)
par Stéphanie Harounyan, correspondante à Marseille
publié le 2 février 2024 à 13h17

Le petit groupe s’est réuni un soir de novembre, dans un local au sommet de la cité de la Savine, dans le 15e arrondissement de Marseille. Assis en cercle, des élus, tendance Les Ecologistes, et des militants associatifs des quartiers populaires. Hassen Hammou a ouvert son ordinateur. Le trentenaire originaire de la cité, également porte-parole régional des écologistes, a créé, il y a près de dix ans, le collectif Trop jeune pour mourir, après la mort d’un ami. Le groupe a organisé des marches, a collé des affiches pour sensibiliser la population et les médias à la violence du trafic de drogue et ses conséquences, a mobilisé les députés et sénateurs pour obtenir la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire pour évaluer les politiques en la matière. D’autres collectifs ont depuis amplifié l’alerte, ont réclamé une réaction forte de l’Etat, une meilleure prise en charge des familles. Sans jamais réussir à infléchir le compteur : en 2023, à Marseille, 49 personnes sont mortes, victimes des guerres de territoires que se livrent les réseaux.

Un record est tristement «historique», soulignait en décembre le procureur de la République. «On se limite souvent à des chiffres et on oublie qu’il y a des personnes derrière. A chaque mort, on se pose la mê