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Affaire Oudéa-Castéra : «Principal de collège, je ne peux pas me taire»

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Comment défendre le service public quand la ministre de l’Education ne le fait pas elle-même ? Pour le principal de collège en région parisienne, Emmanuel Constant, chargé d’appliquer les directives ministérielles, se taire est une lâcheté, et le devoir de réserve a ses limites.

Amélie Oudéa-Castéra, ministre de l'Education nationale, suite à sa rencontre avec la directrice de l'école primaire Littré, à Paris, le 16 janvier 2024. (Denis Allard/Libération)
Par
Emmanuel Constant
Principal de collège, vice-président en charge de l'éducation et des Jeux olympiques et paralympiques en Seine-Saint-Denis
Publié le 16/01/2024 à 16h18

Se taire au nom du devoir de réserve lié à ma fonction de principal de collège ? Parler au nom de mon mandat de vice-président en charge des collèges en Seine-Saint-Denis ? C’est, en résumé, les questions que je me pose depuis que j’ai appris, comme des millions d’enseignants et des milliers d’élu·es attaché·es au service public d’Education, les propos tenus par madame Oudéa-Castéra au sujet des raisons justifiant la scolarisation de ses enfants dans l’enseignement privé confessionnel au collège Stanislas dans le VIe arrondissement de Paris.

Se taire serait normal. «Cadre» de l’Education nationale en charge de faire appliquer la politique du ministère, je ne devrais pas avoir à commenter des choix personnels, intimes et familiaux de ma ministre. Je pourrais tout au plus, comme le font les organisations syndicales représentant les personnels de direction, émettre des réserves sur les nouvelles orientations du ministère qui sont en opposition avec ce que nous défendons depuis des années, ministre après ministre, auprès des familles et des enseignant·es : la pertinence du redoublement, le diplôme national du brevet (DNB) comme sésame pour entrer au lycée, la fin de l’évaluation par compétences pour le calcul des points au DNB, la constitution des groupes de niveau pour faire