Pour humilier un homme, le traiter comme une femme est toujours payant. Travestir Raphaël Graven alias Jean Pormanove et son acolyte «Coudoux» visait logiquement à les rabaisser. JP était exhibé en prostituée dans les rues. Femme et pute sont de parfaits synonymes dans certains mondes masculins comme celui qui était donné à voir sur la plateforme Kick. Parfois, il était animalisé, étranglé et électrocuté avec un collier de chien supposé démontrer une soumission canine très proche de la soumission féminine. Quand un coup semblait trop clément, les principaux tortionnaires réclamaient qu’on lui file «des claques de bonhomme».
Dans un monde sans femmes ou presque, on en fabrique : validisme, racisme, homophobie viennent en appui et en relais du sexisme. Ce théâtre de la cruauté codifie un ordre du monde composé d’une élite, les vrais hommes, et d’une sous-humanité. Ce qui est nouveau, c’est son exhibition décomplexée. Il y aurait une division entre ceux qui frappent et ceux qui sont frappés. Ceux qui ont bien le droit et ceux qui ont peur. Autour, il y a ceux qui veulent en être, ceux qui payent pour voir, ceux qui regardent pour le frisson, ceux qui ne voient pas le problème, les administrations qui ne savent pas ce qu’elles pourraient faire, la justice qui s’embourbe dans sa lenteur, et l’immense masse de ceux qui s’en foutent.
Une mort qui rend la cruauté étincelante et incontournable
Ce spectacle de la violence n’a rien d’une improvisation. Il aurait pu continuer sans anicroches s’il n’avait pas buté contre la mort de JP. Une mort qu