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TRIBUNE

Alain Delon, un érotisme pour tous les genres, par Laure Murat

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Pour l’historienne, la beauté de l’acteur a toujours été teintée d’une ambiguïté propre à plaire aux femmes comme aux hommes. Une ambivalence finalement éclipsée par son image à la ville.
Alain Delon avec Maurice Ronet et Marie Laforêt dans «Plein Soleil» (1960). (Alain Dejean/Sygma via Getty Images)
publié le 18 août 2024 à 19h03

Depuis sa mort annoncée ce dimanche 18 août, une expression revient en boucle : Alain Delon était un acteur «iconique». Une icône donc, c’est-à-dire une image «à valeur symbolique et sacrée», portée par une beauté foudroyante, dont la charge érotique a eu longtemps une particularité : elle s’adressait aussi bien aux femmes qu’aux hommes. Une jeunesse turbulente de voyou à fréquenter la pègre et les gigolos de Montmartre à Saint-Germain-des-Prés, un début de carrière époustouflant avec Visconti qui en fait son protégé et son égérie avec Rocco et ses frères (1960) puis le Guépard (1963), et en voilà assez pour esquisser le profil de l’icône gay. Catapulté incarnation de «l’idéal masculin» (sous-entendu : hétérosexuel), Delon alimente néanmoins une ambiguïté qui n’est pas due qu’aux rôles en clair-obscur qu’il incarne, du sulfureux Tom Ripley de Plein Soleil (1960) signé René Clément à Monsieur Klein (1976) de Joseph Losey. Y compris dans ses films de tueurs taiseux ou de flic implacable, l’acteur diffuse une sourde ambivalence libidinale dont a magnifiquement joué, notamment dans le Samouraï (1967) et Un flic (1972), un Jean-Pierre Melvil