Le cumul des mandats est une exception française au sein des démocraties contemporaines. L’allègement des règles sur le cumul des mandats, préconisé dans la proposition de loi organique «visant à renforcer l’ancrage territorial des parlementaires» du député Henri Alfandari (Horizons) est une tentation suicidaire pour le pouvoir législatif.
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Contrairement à l’argumentaire développé par les députés et les sénateurs qui souhaitent cumuler, le cumul ne permet pas de renforcer l’ancrage territorial des parlementaires. D’abord, soulignons qu’être élu·e dans une commune d’une circonscription ne garantit pas, loin s’en faut, la présence dans chaque commune de la circonscription, dont certaines sont composées de plusieurs centaines de communes.
L’arithmétique est claire : début janvier 2024, ce sont 34 935 communes qui ont été recensées en France. Même si tous les 925 parlementaires cumulaient, cela ne leur permettrait pas de couvrir l’entièreté du territoire. Est-ce à dire qu’il est, du coup, impossible de connaître la réalité de toutes les communes d’une circonscription ? Absolument pas. Si pour connaître au mieux une commune il fallait absolument en être maire ou maire et adjoint, alors qu’en serait-il des milliers d’associations locales citoyennes qui militent sur des questions locales ?
En réalité, l’argument de la «connaissance des dossiers locaux» ne tient pas. La fonction de député confère un excellent point de vue sur les réalités politiques, économiques, sociales