Menu
Libération
tribune

Après le père, «tuer la mère» pour ne plus être misogyne

Réservé aux abonnés

Ni super macho ni déconstruit perdu, c’est en rompant psychiquement avec la mère fusionnelle (et le père tout-puissant) que les hommes accéderont à une forme de maturité intérieure, plaide la psychanalyste Hélène Vecchiali.

(Donatella Loi/Plainpicture)
Par
Hélène Vecchiali, psychanalyste
Publié le 18/09/2025 à 12h27

Lassées légitimement par l’inefficacité de leurs luttes et les régressions actuelles, de nombreuses femmes veulent s’attaquer désormais à la racine du mal (mâle ?), l’identité masculine, en prônant «la déconstruction des hommes». Deux remarques cependant. On ne peut déconstruire ce qui n’est pas construit : or un homme toxique n’est pas un homme construit. Par ailleurs, vouloir déconstruire tous les hommes signifierait que tous sont mauvais par nature, ce qui est loin d’être le cas. Aussi, entre obéir collectivement, comme un fils, aux ordres insensés du patriarcat, ou obéir collectivement, toujours comme un fils, aux ordres plus compréhensibles du matriarcat, il existe une troisième voie individuelle : devenir un «homme initié».

Qu’est-ce qu’un homme initié ? L’initiation est un passage. C’est un ensemble de pratiques, de cérémonies qui marquent la bascule d’un individu d’un stade à un autre. Il ne s’agira pas ici, comme dans les cultures autochtones, d’abandonner les hommes, nus dans la savane, avec, comme seule arme, un malheureux petit couteau en bois pour affronter les lions… Non, la suggestion est moins ardue – quoique – car il est question de s’émanciper des figures tutélaires, père et mère, grâce à deux meurtres symboliques. Evidemment il n’est pas question de meurtres réels, mais d’un travail psychique de séparation, d’une décision de coupure – le mot «décider» partage d’ailleurs sa racine avec «ciseaux». Le terme «meurtre» est violent, mais aucune initiation ne peut