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TRIBUNE

Argentine : les 100 jours de Milei ou l’exercice du pouvoir par l’hubris

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Economiste dogmatique, prophète à ses heures, autoritariste… si le personnage présente plusieurs facettes, sa gouvernance reste, elle, très cohérente : d’extrême droite.
Le président Javier Milei lors de son discours de la séance d'ouverture de la 142e législature, au Congrès national, à Buenos Aires (Argentine), le 1er mars. (Agustin Marcarian/REUTERS)
par Gérard Guillerm, analyste politique spécialiste de l'Argentine, docteur en science politique, à l'Institut des hautes études de l'Amérique latine (IHEAL), université Sorbonne Nouvelle Paris-III
publié le 16 mars 2024 à 16h55

Javier Milei, président de l’Argentine depuis le 10 décembre 2023, aime à se définir comme «libéral libertarien» ou «anarcho-capitaliste». Une définition suffisamment floue pour surprendre, et qui lui donne toute latitude pour être à la fois ultra-libéral en économie et ultra-autoritaire en politique. Au terme des 100 jours de pouvoir, sa gouvernance se distingue par une imprégnation d’extrême droite. Le personnage a, dans les faits, plusieurs facettes, qui le font s’enfermer dans un réseau de contradictions. Son projet, en revanche, est d’une grande cohérence. Il s’agit d’insérer le pays dans un modèle de globalisation fondé sur le libre-échange, et de substituer, dans la durée, le marché à l’Etat. Le protectionnisme, ce en quoi le projet diffère du trumpisme, en est exclu.

Javier Milei est d’abord un économiste dogmatique. Il rêve de recréer l’apogée économique des années 1910, quand l’Argentine fêtait son premier centenaire d’existence. Son grand homme est Juan Bautista Alberdi, père de la Constitution libérale de 1853, qui voyait en l’Etat la négation de la liberté individuelle. Javier Milei a surtout été formé par les épigones de l’Ecole autrichienne de Friedrich Hayek, liés aux think tanks libertariens nord-américains. De là sa conviction que l’Etat est liberticide. Javier Milei précise : une «organis