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TRIBUNE

Arrêts de travail : des médecins dénoncent des pressions de l’assurance maladie pour les réduire

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Sommés par la Sécu de prescrire moins d’arrêts de travail pour économiser l’argent public, 125 médecins généralistes expriment leur mal-être face aux menaces de sanctions exercées par les contrôles, en contradiction avec leur éthique.
Mobilisation de médecins généralistes à Lyon le 13 octobre, dans le cadre d'une grève nationale pour revendiquer la revalorisation de la consultation. (Bastien Doudaine/Hans Lucas. AFP)
par Un collectif de plus de 120 médecins généralistes
publié le 25 novembre 2023 à 12h00

En cette fin 2023, des milliers de médecins traitants sont «priés» par l’Assurance maladie de prescrire moins d’arrêts de travail, sur ordre de Bercy. «Priés», ou, plus exactement menacés de sanctions s’ils n’appliquent pas les procédures de mises sous objectif (MSO), et de mises sous accord préalable (MSAP).

La MSO consiste à faire signer au médecin un contrat avec l’Assurance maladie, l’engageant à baisser ses prescriptions d’arrêt de travail d’un certain pourcentage. Si le médecin n’y parvient pas, il est sanctionné par une amende de 6 800 euros en moyenne, renouvelable après chaque période d’observation… S’il refuse la MSO, le médecin se voit imposer la MSAP, qui l’oblige, pour chaque prescription d’arrêt, à solliciter l’accord préalable du médecin-conseil de l’Assurance maladie. Il est en quelque sorte mis sous tutelle : à la fois infantilisé vis-à-vis de ses patients, et culpabilisé puisqu’il sera rendu responsable par la Sécurité sociale du retard de paiement des indemnités journalières que cela entraîne.

Ces procédures sont appliquées tous les ans depuis 2004 à de nombreux médecins désignés «forts prescripteurs». Mais en 2023, le nombre de médecins déclarés en excès statistique et donc inquiétés par la Sécurité sociale a explosé, touchant plusieurs milliers d’entre eux, soit environ un quart des médecins traitants.

Dans le viseur de la Sécu

Chaque médecin traitant est statistiquement comparé à un groupe de médecins estimé comparable, alors que cette comparaison repose presqu