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Artificialisation des sols : ne laissons pas béton !

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Les surfaces naturelles, agricoles ou forestières doivent être protégées. C’est pourquoi le plan «Zéro artificialisation nette» posé par la loi climat et résilience de 2021 est vital. Il est pourtant menacé d’être détricoté.

En 2022, un champ près de Poitiers destiné à être transformé en lotissements de maisons individuelles. (Jean-François Fort /Hans Lucas. AFP)
Par
Marc-André Selosse
Professeur du Muséum et à l’Institut universitaire de France, membre du conseil scientifique de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB)
Philippe Billet
Professeur à l'université Lyon-3, Institut de droit de l'environnement de Lyon, membre du conseil scientifique de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB)
Gilles Boeuf
Professeur à Sorbonne Université
Publié le 28/02/2023 à 6h40

Chaque année en France, près de 25 000 hectares de sols agricoles, naturels ou forestiers sont réaffectés à la construction d’habitations (42 %), à des activités économiques ou de loisirs (30 %) ou à des infrastructures de transports (28 %). Si cette artificialisation permet le développement local, elle détruit trois fonctions des sols vitales pour l’homme et l’environnement : la production alimentaire, la régulation climatique et les réserves en eau.

D’abord, le sol nourrit : la France, outre ses 29 millions d’hectares de terres agricoles, dépend de neuf autres millions d’hectares à l’étranger pour son alimentation (soit 25 % du total). Le changement climatique venant, ces pays exporteront-ils encore demain ? La qualité de la production agricole est aussi en jeu, avec l’émergence de pratiques respectueuses de l’environnement et de la santé. Le bio, qui évite des intrants chimiques, est plus sain pour le producteur et le consommateur, mais aussi pour les sols. L’agriculture sans labour réduit le tassement des sols, l’érosion et la destruction de la biodiversité souterraine. Ces pratiques sont, avec les techniques actuelles, moins productives : cela changera mais pour l’instant, améliorer la qualité sanitaire et environnementale de l’agriculture exige de sanctuariser les surfaces agricoles !

Cesser le labour préserve la matière organique des sols

Ensuite, le sol agit sur le cl