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TRIBUNE

Au Canada, on tremble aussi, par Martine Delvaux

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LGBT +dossier
Alors que Donald Trump lance une offensive économique contre le Canada, l’écrivaine québécoise regrette amèrement ces années d’études où les Etats-Unis étaient à la pointe des questions de genres, de races et de militances… Autres temps, autres mœurs.
Lors du rassemblement du 16 mai 2024 des militants des droits LGBTQ+ demandant au gouvernement d'agir en faveur des droits des femmes, à Toronto (Canada). (Christopher Katsarov Luna/AFP)
publié le 7 février 2025 à 8h01

J’écris depuis Montréal, depuis le Québec, le Canada, cet immense pays assis au nord des Etats-Unis, auquel peu d’Américains ont le réflexe de penser. Du moins, jusqu’à maintenant.

La guerre économique est lancée. Donald Trump veut nous faire payer sans qu’on ne comprenne bien pourquoi, nous pourtant si dociles, si passifs, alliés et amis des Etats-Unis depuis toujours (comme le répètent sans cesse les politiciens, et d’abord le Premier ministre, Justin Trudeau, qui a annoncé, peu de temps avant l’investiture américaine, qu’il démissionnait).

Nous, Canadien·ne·s, aux côtés des Américain·e·s. Et de leur côté.

Nous, ce pays que l’on pourrait dire féminin, ou trans, ou racisé, ou pauvre. Ce pays perçu comme mineur, «minorisé», et que Trump se sent parfaitement permis de déconsidérer, et de dominer.

Je ne me suis jamais sentie canadienne, ni québécoise, d’ailleurs.

J’ai grandi en Ontario, vécu aux Etats-Unis, suis retournée au Québec non pas par nationalisme, comme on pourrait l’imaginer, mais pour y travailler. Je suis arrivée au Québec un peu en étrangère, me trouvant devant une sorte de décalage : si, à Ann Arbor (Michigan) où j’avais étudié, on lisait Gender Trouble de Judith Butler qui venait de paraître, en discutant des droits LGBTQ + et de la pandémie de l’HIV-sida jusqu’à plus soif, ma nouvelle université semblait habitée de manière moi