J’écris depuis Montréal, depuis le Québec, le Canada, cet immense pays assis au nord des Etats-Unis, auquel peu d’Américains ont le réflexe de penser. Du moins, jusqu’à maintenant.
La guerre économique est lancée. Donald Trump veut nous faire payer sans qu’on ne comprenne bien pourquoi, nous pourtant si dociles, si passifs, alliés et amis des Etats-Unis depuis toujours (comme le répètent sans cesse les politiciens, et d’abord le Premier ministre, Justin Trudeau, qui a annoncé, peu de temps avant l’investiture américaine, qu’il démissionnait).
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Nous, Canadien·ne·s, aux côtés des Américain·e·s. Et de leur côté.
Nous, ce pays que l’on pourrait dire féminin, ou trans, ou racisé, ou pauvre. Ce pays perçu comme mineur, «minorisé», et que Trump se sent parfaitement permis de déconsidérer, et de dominer.
Je ne me suis jamais sentie canadienne, ni québécoise, d’ailleurs.
J’ai grandi en Ontario, vécu aux Etats-Unis, suis retournée au Québec non pas par nationalisme, comme on pourrait l’imaginer, mais pour y travailler. Je suis arrivée au Québec un peu en étrangère, me trouvant devant une sorte de décalage : si, à Ann Arbor (Michigan) où j’avais étudié, on lisait Gender Trouble de Judith Butler qui venait de paraître, en discutant des droits LGBTQ + et de la pandémie de l’HIV-sida jusqu’à plus soif, ma nouvelle université semblait habitée de manière moi