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TRIBUNE

Au muséum d’Histoire naturelle de Marseille, l’exposition de l’hydrocéphale de Bourdini, vestige d’un temps révolu

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Au muséum d’Histoire naturelle de Marseille, l’hypercrâne de Jean-Louis Bourdini, datant du XVIIe siècle, suscite encore rires et moqueries, déplore l’anthropologue Perrine Lachenal. Alors que le squelette de Joseph Carey Merrick, surnommé «Elephant Man», n’est plus visible à Londres, il est urgent de faire évoluer le regard sur le handicap..
Cet homme était un Marseillais, mort en 1616 à l'âge, avancé pour l'époque, de 50 ans. (Muséum d'histoire naturelle)
par Perrine Lachenal, anthropologue, chargée de recherches au CNRS, centre Norbert-Elias, Marseille
publié le 18 septembre 2024 à 17h00

Ils nous ont fait vibrer aux Jeux paralympiques. C’était fort et prenant, et ça déplaçait le regard sur le handicap, c’est ce qu’on peut lire un peu partout. Des corps avec des trucs en moins qui nous font vivre le sport avec un truc en plus. Dans le sillage des feux d’artifice, il y a des choses qui bougent dans les esprits, et bientôt – espérons-le – dans les politiques publiques. Ryadh Sallem, athlète français, avait envie de le croire la semaine passée en confiant au Monde : «On ne pourra plus revenir en arrière en matière d’inclusion.»

Le jour de la clôture des Jeux paralympiques à Paris, il pleuvait fort à Marseille, et mes pas m’ont menée, entre les flaques, jusqu’au muséum d’Histoire naturelle. J’y ai fait une rencontre intéressante, en matière d’inclusion justement. Au cœur de l’exposition permanente, entre des éléphants et des tigres empaillés, je suis tombée sur Jean-Louis Bourdini (vers 1565-1616). Enfin son crâne pour être plus exacte, puisque c’est la seule partie de lui qui est en vitrine au muséum. Il faut dire que c’est un crâne