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Au Proche-Orient, le gypaète de la paix plane sur le futur

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Président de la Ligue pour la protection des oiseaux, Allain Bougrain-Dubourg raconte comment le plus grand des vautours a failli mettre d’accord, voilà quelques décennies, les autorités d’Israël, de Jordanie et des Territoires palestiniens. Aujourd’hui, la protection de l’espèce reste un enjeu important.
L’ultime gypaète israélien est aperçu en 1982 dans la région de l’oued de Tsehelim au cœur du désert de Judée. (Getty Images)
par Allain Bougrain-Dubourg, Président de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO)
publié le 21 janvier 2024 à 7h07

Il a fallu que l’oiseau s’en mêle pour qu’au fond du lointain tunnel de haine, de violence, de mépris et de rage, une petite lueur d’espoir s’envole vers l’idée de paix. Sinon de paix, en tout cas, d’écoute qui reste l’admirable marche vers le possible.

C’est au Proche-Orient que tout se joue, alors que les migrations d’oiseaux transforment le paysage aérien. L’azur s’estompe, les volatiles s’imposent, envahissant le ciel d’arabesques emplumées. Deux fois par an, ils tracent un carrefour de vie en survolant Israël, la Palestine et la Jordanie. On parle de plus d’un demi-million d’oiseaux coiffant la terre des hommes. Véritable farandole aérienne, l’arche du ciel accueille des pélicans, des cigognes, des passereaux en tous genres, tels les huppes, les grives et les gobe-mouches ainsi qu’une multitude de rapaces.

Dernier équarrisseur du monde animal

En tout, près de 400 espèces différentes venues du nord pour rejoindre ce confluent entre l’Europe, l’Afrique et l’Asie. En janvier-février, le rassemblement connaît un pic. Au cœur du spectacle, les étourneaux «murmurent». C’est ainsi que l’on désigne les vols en masse qui tracent d’improbables dessins dans le ciel à la tombée de la nuit avant de se poser subitement en gigantesques dortoirs.

Menahem Kahana, photographe de l’Agence France Presse à Jérusalem, compense une actualité douloureuse en photographiant la «murmuration» des oiseaux. «C’est peut-être parce que je prends trop de photos d’enterrements ou de gens en train de se faire tuer que j’aime me tourner vers