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Le Libé des historien·nes

Au «séminaire Badinter», le penseur et les pontes du pénitencier, par Michelle Perrot

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Imprégné des travaux de Foucault, l’ancien garde des Sceaux fédère, de 1986 à 1991, une ingénieuse société de chercheurs et de fonctionnaires du monde carcéral pour penser une «prison républicaine».

Robert Badinter, alors garde des Sceaux, dans un centre éducatif surveillé à Vaucresson (Hauts-de-Seine), le 9 novembre 1982. (AFP)
Par
Michelle Perrot
Professeure émérite, université Paris-Diderot
Publié le 09/10/2025 à 9h10

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Au printemps 1986, je reçus un coup de fil du cabinet de Robert Badinter, puis de Badinter lui-même, alors président du Conseil constitutionnel. Il souhaitait, me dit-il, poursuivre la réflexion de Michel Foucault (décédé en 1984) sur les prisons, que l’abolition de la peine de mort avait, logiquement, rendues centrales dans le système pénal. Les deux hommes se connaissaient et s’estimaient. Foucault disait de Badinter qu’il était le meilleur ministre de la Justice que nous ayons jamais eu ; lecteur de Surveiller et Punir. Naissance de la prison (Gallimard, 1975), Badinter partageait la réflexion critique du philosophe, mais, homme d’action publ