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TRIBUNE

Augmentation des frais d’inscription à Sciences-Po, vers la marchandisation des études supérieures ?

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Sciences-Podossier
L’augmentation des frais d’inscription de l’établissement risque d’accélérer la dynamique inégalitaire à l’œuvre dans le secteur, estiment le sociologue Hugo Harari-Kermadec et l’économiste David Flacher.
«Sciences-Po pourrait augmenter ses frais d’inscription jusqu’à 9,46 % l’an prochain.» Ici, à Saint-Germain (Paris VIe), en juillet 2022. (Riccardo Milani /Hans Lucas. AFP)
par David Flacher, Professeur d’économie, université de technologie de Compiègne et Hugo Harari-Kermadec, Professeur de sociologie, université d’Orléans
publié le 19 décembre 2022 à 21h55
(mis à jour le 20 décembre 2022 à 7h14)

Sciences-Po pourrait augmenter ses frais d’inscription jusqu’à 9,46 % l’an prochain. En poursuivant sa course en avant, l’école reproduit les travers et les échecs que l’on peut observer à l’étranger. Alors qu’elle devrait être à la pointe de la réflexion politique, l’institution manque de vision et fait preuve d’un redoutable individualisme. L’école manque de vision en feignant de méconnaître l’histoire de la marchandisation de l’enseignement supérieur. Elle bégaye pourtant, du Chili à l’Angleterre en passant par l’Australie ou Singapour.

Dans tous les pays qui se sont engagés dans l’augmentation des frais d’inscription : lorsque la hausse se généralise, elle ne profite que partiellement aux universités, l’Etat se désengageant à mesure que les étudiant·e·s sont mis à contribution. Le basculement d’un financement par l’impôt, solidaire et progressif, à un financement par le marché accélère la dynamique inégalitaire : les établissements