En ce moment, c’est simple : quand quelqu’un me sourit dans le métro, je me dis que c’est sûr, il va voter Nouveau Front populaire. Quand on me dévisage, ou qu’on a le regard fuyant, je suis persuadé que ça va donner sa voix au RN.
J’arrive aussi à distinguer au faciès, au look vestimentaire, à la couleur des cheveux, jusqu’aux boucles d’oreilles, le choix de vote de chacun. Depuis la dissolution, j’ai un regard hypercaricatural sur les gens.
Dans le métro, encore plus que d’habitude, je suis très gentil, je m’efface pour laisser passer les gens – surtout si ce sont des blancs –, il m’arrive de porter leurs sacs ou leurs caddies – et pas qu’à des personnes âgées, je laisse aussi mon siège – et pas qu’à des personnes âgées –, on dirait parfois que je suis mandaté par la RATP ! Secrètement, je me dis que les usagers des transports en commun que j’ai croisés se souviendront de ma gentillesse au moment de voter.
J’espère aussi que l’équipe de France de football ira loin à l’Euro. Deux points de moins pour le RN si les Bleus de toutes les couleurs gagnent ?
Quand je mets les infos à la télé, je prie pour qu’il n’y ait pas d’attentats ou de faits divers incriminant des basanés, enfin, aujourd’hui on dit des musulmans.
Oui, je vais mal. Je fais pitié, je sais.
Je me suis comporté toute ma vie comme un invité
J’ai la parano aiguë des grands jours. Mais ça, ça ne date pas d’hier. Mes parents m’ont transmis, sans le savoir, la peur. Leur peur. La frousse d’être viré de ce pays. Alors, je me suis comporté toute ma vie comme