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tribune

Aux Etats-Unis, la démocratie empêtrée dans le fanatisme

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Si le trumpisme n’a de cesse que d’encourager la confusion entre religion et politique, c’est à la république de protéger la liberté de croire des citoyens en veillant à ce que la foi ne cherche pas à investir l’Etat pour imposer ses «lois» à la société, pointe le journaliste Patrick Sabatier.

Terry Turnblom en croix, suite à l'assassinat de l'influenceur Charlie Kirk. Dunedin (Etat de Floride), le 21 septembre 2025. (Dave Decker/Zuma. Rea)
Par
Patrick Sabatier, agrégé de langue et littérature anglaise et américaine, ex-journaliste et directeur adjoint de la rédaction de «Libération» (1973-2007)
Publié aujourd'hui à 6h00

L’emprise des «fous de Dieu» sur la société américaine s’est renforcée sous l’ère Trump, comme l’a pointé Libération le 22 octobre. Mais le phénomène a une histoire aussi longue que celle des Etats-Unis d’Amérique eux-mêmes. La (con)fusion entre religion et démocratie remonte aux origines mêmes de la république américaine.

«A mon arrivée aux Etats-Unis, ce fut l’aspect religieux du pays qui frappa d’abord mes regards», raconte Alexis de Tocqueville (1805-1859) au chapitre VIII de son De la démocratie en Amérique. «La religion… doit donc être considérée comme la première de leurs institutions politiques… Les Américains confondent si complètement dans leur esprit le christianisme et la liberté qu’il est presque impossible de leur faire concevoir l’un sans l’autre.»

Tocqueville admirait cette république où la religion lui apparaissait être un garde-fou indispensable contre les errements inévitables… de la démocratie. «Que faire d’un peuple maître de lui-même, s’il n’est pas soumis à Dieu ?» s’interrogeait-il. Son séjour date de 1831. Mais il aurait pu faire le même constat en