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Libération
TRIBUNE

Aux Invalides et ailleurs, le problème lapin

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Le rongeur (qui en fait n’en est pas un) pullule, au point de mettre sur les dents le préfet de police Didier Lallement. Plutôt que de vouloir à tout prix l’empêcher de proliférer, pourquoi ne pas en faire le grand allié de nos combats écologiques?
Le lapin est «un farceur qui ne respecte pas les règles et l’ordre des humains.» Ici, sur les pelouses du jardin des Invalides. (Ivan Neru/Getty Images)
par Frédéric Ferrer, Comédien, auteur, metteur en scène et géographe
publié le 18 juin 2022 à 9h35

Les lapins qui ont élu domicile aux Invalides interrogent Homo sapiens et son monde jusqu’à l’absurde. Les Oryctolagus cuniculus creusent des trous, détruisent les pelouses et les parterres, grignotent les câbles et tuyaux d’arrosage, saccagent les ifs en forme de cônes et les beaux massifs fleuris devant des militaires désemparés qui ne savent comment mener la bataille inédite qui se joue jusque dans leurs douves, pour la plus grande joie des promeneurs que la vue des heureux lapins semble toujours contenter. La cause est entendue depuis des siècles (les Baléares imploraient déjà l’empereur romain Auguste d’envoyer une légion pour les débarrasser de ces dévastateurs des blés), le lapin est une espèce prolifique et invasive qui ne cesse d’échapper aux garennes où l’on veut le maintenir, mange les récoltes et désertifie les champs («il ne fait qu’un seul repas, écrit Jules Renard, mais il dure toute la journée»), empêche les jeunes pousses de devenir arbres, bouleverse et détruit les écosystèmes partout, en Australie, Nouvelle-Zélande, Amérique du Sud et sur les 800 îles où les colons européens les ont emmenés. Sous son air doux et attachant, cet animal est une peste !

Ils sont entrés dans Paris

Et maintenant les lapins sont entrés dans Paris ! Il faudrait remplacer les loups dans la chanson de Serge Reggiani. Après avoir jeté leur dévolu sur le rond-point de la Porte Maillot (avant les travaux actuels), ils s’attaquent désormais au tombeau de Napoléon. C’en est trop ! Le pré