Il n’a pas fallu un mois à Javier Milei, investi président de la République le 10 décembre 2023, pour mettre la société argentine à l’épreuve de son programme d’austérité budgétaire et de dérégulation radicale. Dans les jours qui ont suivi son accession à la Casa rosada, le gouvernement – par la voix du ministre de l’Economie, Luis Caputo – a décrété une dévaluation du peso de près de 50 % et une première série de coupes dans les dépenses publiques, à hauteur de 18,5 milliards d’euros, affectant notamment les secteurs jusque-là très subventionnés des transports et de l’énergie.
Le 27 décembre, le Président a transmis au Congrès un document comprenant 664 projets de lois qu’il entend voir examiner courant janvier en dépit de la trêve parlementaire qu’impose habituellement l’été austral. Nourri d’un culte intégriste pour la loi du marché, ce paquet de réformes hétéroclites – et parfois complètement fantaisistes – ouvre notamment la voie à un vaste train de privatisations d’entreprises publiques (comme Aerolíneas Argentinas ou la société pétrolière YPF), barre toute intervention de l’Etat dans le domaine économique et social «qui ne soit pas nécessaire» et supprime ou modifie toute une série de normes