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TRIBUNE

Bangladesh : Muhammad Yunus doit faire des disparitions forcées sa priorité

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Le 5 août, le soulèvement populaire a mis fin à quinze ans de règne autoritaire de Sheikh Hasina. Le prix Nobel de la paix, qui a pris la tête d’un exécutif intérimaire, doit maintenant enquêter sur les crimes de ce régime, analyse le professeur bangladais en sciences politiques Mubashar Hasan.
Mohammad Yunus à Dhaka le 8 août pour prendre la tête du gouvernement intérimaire bangladais. (Mohammad Ponir Hossain/REUTERS)
par Mubashar Hasan, chercheur en sciences politiques à l’université d’Oslo
publié le 2 septembre 2024 à 8h15

Le règne de Sheikh Hasina a été marqué par une sévère répression de la liberté d’expression. Le dernier classement mondial de la liberté de la presse place le Bangladesh en dessous de la Russie de Poutine, après s’être situé, pendant plusieurs années, en dessous de l’Afghanistan.

La Première ministre déchue a également systématisé les disparitions forcées, un crime contre l’humanité, pour étouffer l’opposition et les critiques : plus de 600 Bangladais ont disparu, souvent enlevés et détenus dans des prisons secrètes, et plus de 2 500 ont été assassinés entre 2009 et 2022. Après la chute du gouvernement de Hasina, trois victimes emblématiques de cette répression ont été libérées : l’ancien général de brigade Abdullahil Amaan Azmi, l’avocat de la Cour suprême Ahmad Bin Quasem et le défenseur des minorités autochtones, Michael Chakma. Ils ont passé entre cinq et huit ans en détention, dans un site secret et illégal géré par le régime de Hasina sans soleil ni lumière, la plupart du temps les mains menottées et les yeux bandés.

L’une des priorités du