La littérature sur le profil psychologique de nos dirigeants s’est enrichie ces dernières années, à l’image du livre le Président toxique. Enquête sur le véritable Emmanuel Macron d’Etienne Campion, ou la Pensée perverse au pouvoir de Marc Joly, qui explore la manière dont certaines formes de rationalité dévoyée, de manipulation et de déni irriguent nos sociétés modernes. Elle s’inscrit dans une relativement récente tradition d’analyses consacrées à la santé mentale des chefs d’Etats. Ces ouvrages et ces enquêtes tentent de décrypter les ressorts psychiques du pouvoir, soulignant à quel point la psychologie et la psychanalyse sont devenues des grilles de lecture incontournables pour comprendre la vie politique contemporaine, pour saisir l’irrationnel qui s’empare parfois de la scène politique.

Les sciences humaines ont jusqu’ici permis d’analyser les mécanismes du pouvoir : Bourdieu s’est intéressé aux différents types de capitaux, Foucault aux dispositifs de contrôle, et Machiavel aux motivations des acteurs. Aujourd’hui, ces sciences peinent à rendre compte de l’irrationnel qui gouverne certains comportements politiques.

A leur place, ce sont les grilles de lecture issues de la psychiatrie et de la psychanalyse qui offrent un éclairage plus brutal, mais souvent plus lucide. Dans La santé psychique de ceux qui ont fait le monde, Patrick Lemoine rappelle à quel point nombre de dirigeants, de Napoléon, oscillant entre mégalomanie et épisodes dépressifs, à D