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TRIBUNE

Binationaux : monsieur Bardella, madame Le Pen, nous sommes la France

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Un collectif de binationaux réagit à la volonté du RN de réserver certains emplois dits «stratégiques» aux seuls Français. La diversité des cultures est une chance, un pont pour rapprocher la France et le monde, la preuve de la vitalité d’un pays, le leur.
«Oui, nous, binationaux d’hier, d’aujourd’hui, de demain sommes la preuve que la diversité de nos cultures est une chance, un pont pour rapprocher la France et le monde.» (Daniel Dorko/Hans Lucas. AFP)
par Un collectif de binationaux
publié le 28 juin 2024 à 7h40

Qu’avons-nous bien pu faire pour susciter une telle haine ? Lundi 24 juin, voilà la question qui nous a tous traversés l’esprit en entendant l’intention du Rassemblement national de réserver les emplois dits «stratégiques» aux seuls Français «purs», c’est-à-dire dépourvus d’une seconde nationalité. Ce minable procès qui nous est intenté par une force politique elle-même compromise avec le pouvoir russe serait dérisoire si ce parti n’était pas aux portes du pouvoir, prêt à gouverner et à faire vaciller la République dans ce qu’elle a de plus cher : sa devise «Liberté, égalité, fraternité».

Oui, nous, binationaux, nés en France et ailleurs, de parents d’origines diverses, ne sommes pas seulement alarmés. Nous sommes affligés par le cynisme et l’inconséquence du président de la République qui met en danger nos institutions, dont il est pourtant censé être le garant. Bouleversés que l’on puisse un seul instant nous faire le procès d’être de mauvais Français. Effarés par la volonté de certains de jeter ce pays, qui nous a tant donné, dans l’abîme.

Oui, nous, binationaux, nous voyons dans cette sinistre profession de foi ressurgir la vieille lune maurrassienne des «Français de papiers», accablés de tous les maux de cette société depuis les années 30. A ceux qui nous soupçonnent de trahison, nous devons rappeler l