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Budget 2026 : le gouvernement veut faire payer aux patients son incapacité à maîtriser les dépenses de soins

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Pour l’économiste Brigitte Dormont, préserver le pouvoir d’achat des patients tout en répondant à leurs besoins devrait être réalisable, à condition que l’Etat maîtrise les dépenses de santé avec un pilotage adapté du système.

Les comptes de la santé le montrent : les dépenses ont dérapé pour les dépenses d’imagerie, pour les médicaments à cause du prix des innovations. (Florence Brochoire/Libération)
Par
Brigitte Dormont, économiste, professeure émérite à l’université Paris-Dauphine-PSL
Publié le 29/10/2025 à 14h50

Les discussions budgétaires montrent que le gouvernement veut augmenter la part des dépenses de santé supportée par les patients. C’est la conséquence de son inaction sur la maîtrise des dépenses de soins. Avec plus de rigueur et de volonté politique, il serait possible de faire autrement, et de préserver le pouvoir d’achat des patients, tout en répondant à leurs besoins de soins.

Les comptes de la santé montrent qu’en 2024 la couverture des dépenses de soins par la Sécurité sociale a diminué de 79,9 % à 79,4 %. C’est la première fois depuis de nombreuses années, si l’on excepte 2021 qui a suivi le Covid-19. C’est la conséquence du doublement des franchises et des participations forfaitaires demandées aux patients en 2024.

Dans le même temps, la part des dépenses couvertes par les assurances complémentaires a augmenté, ainsi que les sommes payées directement par les patients, qui représentent 7,8 % des dépenses de santé en 2024. Il y a donc une baisse de la solidarité dans l’accès aux soins, car ce sont les patients qui paient les franchises, et les assurances complémentaires sont plus coûteuses et moins couvrantes pour les non-salariés et les retraités.

Or, le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2026 prévoit un nouveau doublement des franchises et des participations forfaitaires, assorti en outre d’un doublement des plafonds annuels, qui passeraient à 100 euros. Cette mesure permettrait une économie de 2,3 milliards d’euros pour la Sécurité social