Récemment, deux organisations, Africa No Filter et Speak Up Africa ont lancé «Correct the Map», une pétition contre l’utilisation de planisphères selon la projection dite de Mercator, qui montre les régions tropicales plus petites qu’elles ne sont réellement, ce qui est le cas d’une bonne partie du continent africain. Cette campagne a reçu le soutien de Selma Malika Haddadi, vice-présidente de la Commission de l’Union africaine : «On a l’impression que c’est juste une carte, mais en réalité, ça ne l’est pas», car elle donne l’impression que l’Afrique est «marginale», a-t-elle déclaré à Reuters. Pourquoi s’en prendre, aujourd’hui, à cette projection ?
La projection ultime n’existe pas. Les cartographes aimeraient que la Terre fût plate ; ce n’est pas le cas. Des dizaines et des dizaines de projections ont été inventées pour proposer des solutions différentes au même problème : représenter une sphère sur une feuille plate. Il y a des projections conformes, qui conservent les formes des étendues terrestres. Certaines sont équivalentes, parce qu’au contraire, elles respectent leurs surfaces (en anglais, equal area). Celles qui ne sont ni conformes ni équivalentes sont aphylactiques. Elles n’en ont pas moins leur pertinence ou leur beauté. Il faut admirer la carte en forme de cœur d’Oronce Fine (1534), exemple parmi tant d’autres de l’inventivité des cartographes. Quant à la projection calculée par le géographe flamand Gérard Mercator en 1