Menu
Libération
TRIBUNE

Cher Gabriel Attal, à ce rythme, mieux vaut organiser un Grenelle de la connerie, par Mahir Guven

Article réservé aux abonnés
De l’ordre, de la discipline, des adolescents embastillés de 8 heures à 18 heures, les mesures répressives martelées par le Premier ministre ce jeudi 18 avril à Viry-Châtillon consternent l’écrivain Mahir Guven. Appeler à plus de violence pour contrer la violence : ça ne marche jamais.
Le Premier ministre Gabriel Attal à Viry-Châtillon, le 18 avril 2024. (Albert Facelly/Libération)
par Mahir Guven, écrivain
publié le 19 avril 2024 à 19h12

Cher Gabriel Attal,

Vous et nous, c’est-à-dire presque 67 millions de Français, nous ne sommes pas allés à la même école. Chez nous, il y avait les derniers, les premiers, les moyens, mais ce n’était pas le plus important. Nous formions des groupes soudés, nous étions ensemble, pauvres, riches, chahuteurs, silencieux, drôles, têtes d’ampoules et cancres agaçants, parfois contre les profs, souvent avec eux. Dans notre école, personne ne se posait la question de ce qui entrait dans nos têtes, tout le monde savait que du bon et du beau en fleurirait. Il fallait juste de la patience, et de la confiance. Dans notre école, l’important n’était pas de savoir, ou encore de savoir répéter, mais de savoir être. Dans cette école, nous crier dessus était une erreur pédagogique, une exception. Et quand cela arrivait, nous étions marqués durablement. Alors de manière générale, on évitait de nous gifler à coups d’heures de colle, les professeurs savaient que pour apprendre, il fallait tester les limites, mais pas les déborder, éviter de crier, d’humilier, d’exclure, de distinguer.

Ce nouveau casier judiciaire qu’est devenu le dossier Parcoursup

On apprend en se trompant. J’ai souvenir de ce professeur qui claquait des doigts pour couper les bavardages et nous reconnectait à ses lèvres en un sourire : «Qu’y a-t-il de plus intéressant que l’histoire ?» répétait-il. Pour nous apprendre à vivre ensemble, ce qui allait devenir notre boulot à l’âge adulte, les professeurs évitaient les grands sermons et s’obligeaient à la bienveillance. Ils savaient que l