L’extrême droite est aux portes du pouvoir. Une chose est de l’anticiper ; une autre est de le vivre, de le ressentir. C’est en puisant dans cette émotion que nous pouvons inverser le cours de l’histoire. De cette fibre sensible alliée à la raison peut naître le soulèvement populaire qui conditionne la victoire. Cette énergie doit permettre l’union des gauches et des écologistes, indispensable pour l’emporter dans trois semaines.
Comme tant d’entre vous, je suis abasourdie qu’Emmanuel Macron, humilié par la sanction des urnes, ait annoncé la dissolution de l’Assemblée nationale au moment où l’extrême droite atteint un score électoral vertigineux. Le Président aurait pu remettre son mandat en jeu, et le Premier ministre sa démission. Ils auraient pu changer de braquet, entendre la souffrance et la colère des Français, réorienter leurs choix politiques. Mais voilà qu’Emmanuel Macron, qui devait constituer un rempart à Marine Le Pen, se transforme en passerelle.
L’urgence nous implore de sortir de la sidération. La résignation, le fatalisme, l’atonie ne sont pas de saison. En 2002, quand Jean-Marie Le Pen franchit la barre du second tour de l’élection présidentielle, nous sommes vent debout. La société tout entière redresse la barre et lui inflige une cinglante défaite au