La France contemporaine a très tôt pris l’habitude de commémorer les événements importants de son histoire. Elle le fait en janvier 1794 pour la mort du roi. Elle le fait en 1805 en reconstituant la bataille de Marengo. Elle le fait en 1869, comme en 1969, pour le centenaire de la naissance de Napoléon Ier. Et l’on sait comment le XXe siècle a multiplié les commémorations au point de mettre sur pied un Haut Comité aux commémorations nationales, voué à orchestrer «la politique des célébrations nationales».
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D’emblée, la confusion entre «commémoration» et «célébration» est faite, entre le titre de cette commission et la définition officielle de ses objectifs. En 2018, quand on retira Charles Maurras de la liste des commémorations nationales, la presse s’était déjà emparée de la nécessité de faire cette distinction. On ne saurait trop y insister ici. Si commémorer est se souvenir ensemble, célébrer peut conduire à fêter et glorifier. Or Napoléon n’a nul besoin de glorification : la façon dont son ombre portée s’est inscrite dans notre culture depuis son règne suffit à lui assurer une gloire omniprésente. Et malgré l’existence de courants hostiles, le succès probable des expositions qui lui sont consacrées en 2021 en témoignera sans doute.
Pourquoi sa gloire est-elle encore d’actualité ?
Or, il est essentiel de se souvenir ensemble de ce qu’a été son règne, de comprendre ensemble ce que cet homme a été et pourquoi, justement, sa gloire est encore d’actualité. Il faut donc bien commémorer, plutôt que célébrer : c’est le rôl