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TRIBUNE

Comment les Etats-Unis sont entrés dans l’ère techno-réactionnaire, par Sylvie Laurent

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L’historienne et américaniste développe les différents scénarios qui ont amené à une fusion entre l’Etat et le capital mue par une seule idéologie : celle de la classe à laquelle les techno-réactionnaires comme Elon Musk ou Peter Thiel appartiennent. Démonstration en cinq points.
De g. à dr. : Jeff Bezos, Larry Page, Sheryl Sandberg, Mike Pence, Donald Trump, Peter Thiel, Tim Cook, Safra Catz et Elon Musk, réunis dans la Trump Tower, à New York, le 14 décembre 2016. (Albin Lohr-Jones /NEWSCOM. SIPA)
par Sylvie Laurent, historienne et américaniste française
publié le 14 janvier 2025 à 17h48

Le monde digérait à peine l’élection à la tête des Etats-Unis d’un milliardaire d’extrême droite tweetant à toute heure qu’il se rend compte qu’en réalité, ils sont deux. Elon Musk et Donald Trump président. Le capital est visiblement au pouvoir et sous une forme qui n’est plus celle d’antan, lorsque les banquiers de Goldman Sachs remplissaient gentiment les cabinets ministériels américains.

Les investisseurs et autres dirigeants de la tech qui peuplent aujourd’hui l’administration Trump sont les représentants d’un projet singulier, stade ultime de la fusion entre l’Etat et le capital. Quelques réflexions éclairent cet âge techno-réactionnaire dans lequel semblent entrer les Etats-Unis :

L’Afrique du Sud est en Californie

L’élucidation des ressorts de la techno-reaction au pouvoir débute bien loin de la Silicon Valley. Nombreux sont en effet les chemins qui mènent en Afrique du Sud. Elon Musk bien sûr, y est né et y a vécu jusqu’à l’âge de 17 ans. Mais il faut évoquer aussi David Sacks, l’investisseur en capital-risque chargé de l’intelligence artificielle et des cryptomonnaies dans le nouveau gouvernement et