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TRIBUNE

Contre les suppressions de postes : l’école publique n’est pas une institution de charité

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C’est un dernier appel à la raison : le gouvernement doit revenir sur ces économies, suppressions et fermetures afin de redonner du sens au mot «république» et à «l’égalité des chances pour tous», prétendue chère au Président, estime un collectif de parents et d’enseignants.
Les effectifs des écoles publiques parisiennes s’effondrent (-22 % depuis 2016) quand ceux des écoles privées se tarissent à peine (-4↓% depuis 2016). Ici, à Paris, le 28 avril 2024. (STEPHANE MOUCHMOUCHE/Hans Lucas via AFP)
par Un collectif d'enseignants et de parents
publié le 6 juin 2024 à 17h44

Nous, parents et enseignants, sommes nombreux à avoir appris en février dernier que notre école était concernée par l’une des 134 suppressions de postes prévues cette année à Paris. Depuis lors, nous tentons de protester. Manifestations devant le rectorat, chansons, école déserte, lettre au Président, pétitions multiples : rien n’y a fait. Cette tribune est notre dernier recours.

Nous avons entendu la justification : la baisse démographique. Certes, à Paris, naissent chaque année 20 000 enfants, contre 30 000 il y a dix ans. Il ne serait pas délirant cependant de profiter de cette baisse démographique pour s’offrir des classes un peu moins nombreuses plutôt que de s’obstiner à maintenir des effectifs qui classent la France parmi les plus mauvais élèves de l’OCDE : 23,2 élèves par classe en maternelle, contre 13,1 en moyenne dans l’OCDE (1). Ce ne serait pas tout à fait un luxe.

Il faudrait maintenir des effectifs relativement bas

Mais surtout, les études récentes de l’économiste Julien Grenet le montrent bien : les effectifs des écoles publiques parisiennes s’effondrent (-22 % depuis 2016) quand ceux des écoles privées se tarissent à peine (-4↓% depuis 2016). Il est donc réducteur d’expliquer l’effondrement des effectifs dans le public par la seule baisse démographique. C’est aussi une désaffection pour l’école publique qui explique cet effondrement. La vérité est qu’à Paris l’école publique lentement