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TRIBUNE

Contre l’extrême droite, la désobéissance maintenant

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Elections législatives 2024dossier
Notre démocratie se transforme sous nos yeux en un régime de plus en plus autoritaire, comme un acte préparatoire du pire. Le recul des libertés publiques que connaît notre pays commande de réfléchir aux outils dont disposeront les citoyens désobéissants, proposent les avocats Christelle Mazza et William Bourdon.
Marche contre l'extrême droite, à Paris le 15 juin 2024. (Marie Rouge/Libération)
par Christelle Mazza, Avocate au barreau de Paris et William Bourdon
publié le 1er juillet 2024 à 8h00

Jamais, la question du droit, sinon du devoir de désobéir, ne s’est posée dans notre démocratie avec autant d’intensité ces dernières années. A notre sidération, cette question est devenue d’une terrible intensité depuis quelques jours.

Le recul des libertés publiques que connaît notre pays commande de réfléchir aux outils dont disposeront demain des citoyens ordinaires et notamment des fonctionnaires quand, mus par la seule évidence de la sauvegarde du collectif et de l’humanité, ils prendront le risque de sacrifier leur vie professionnelle.

Sentinelles de la dignité, ces citoyens agissent au nom de valeurs intangibles et immuables par le soulèvement de leur conscience, ce que Vaclav Havel appelle avec poésie et gravité l’«insurrection intime». C’est cette insurrection intime qui a conduit, sous Vichy, une minorité de fonctionnaires à prendre tous les risques et à préférer préserver leur intégrité et sauver l’honneur de la patrie plutôt qu’obéir aux ordres.

Sous une tyrannie, le désobéissant devient un résistant et parfois un Juste.

Nos sociétés traversent une période sombre, l’humanité semble précipitée vers le vide, sinon l’autodestruction. Notre démocratie n’est plus simplement en crise, elle se transforme sous nos yeux en un régime de plus en plus autoritaire, comme un acte préparatoire du pire. Nous sommes arrivés à un point d’intersection crucial.

Combien seront ceux qui, face à des ordres illégaux, préfèreront rejoindre le champ de l’honneur et mourir debout, ne serait-ce