Je me souviens qu’il est advenu, durant mon enfance passée dans le sud-ouest de la France, que mon père, né en Espagne et naturalisé français, et mon grand-père maternel aillent ensemble assister à des corridas. Au retour, ils me parlaient de la beauté et de la force du spectacle, du mérite du torero, de la vaillance du taureau. A mes yeux, la corrida n’était déjà qu’un divertissement barbare, n’ayant rien à voir avec «l’esprit du Sud», une tradition anachronique, invoquant un héritage espagnol que nous nous devions de respecter au nom d’une quelconque allégeance à nos origines.
Les aficionados le répètent à qui mieux mieux : la corrida, c’est avant tout une affaire d’art et de tradition. Bien que le code pénal réprime les actes de cruauté sur les animaux, la corrida bénéficie d’une exception législative au nom d’une «tradition locale ininterrompue».
Pourtant – et quand bien même nous partirions du seul principe qu’une tradition devrait être maintenue au mépris de l’éthique et de l’évolution de nos sociétés par le seul fait de