Le 14 juin, le procureur de la République de Paris annonçait le classement sans suite, pour cause de prescription, de l’enquête pour viols et agressions sexuelles par personne ayant autorité sur mineur de 15 ans, ouverte après les révélations de Camille Kouchner dans son livre la Familia grande. A l’occasion de la médiatisation de cette affaire, le bien-fondé et l’existence de la prescription ont été mis en question.
D’un côté, prescrire les viols et incestes sur mineur reviendrait à nier la spécificité de ces crimes pour lesquels le traumatisme empêche, sur un temps long, la remémoration des faits, faisant obstacle au droit des victimes à obtenir justice. D’un autre, en fermant l’accès au prétoire, la prescription interdirait aux victimes de pleinement s’approprier leur histoire, d’en rendre compte à l’audience et de la faire consacrer par un verdict pour l’officialiser. Elle serait à contre-courant d’un mouvement favorable aux victimes.
La prescription est une limite que l’Etat impose à sa propre puissance
Depuis les années 80 au moins, se déploie un processus d’individualisation des souffrances et de construction par l’Etat du monopole de la reconnaissance de la légitimité de ces souffrances individuelles. Dans ce contexte, la reconnaissance et l’apaisement des victimes sont un enjeu pour l’Etat car il démontre par là sa capacité d’agir. Face aux vives émotions provoquées par les infractions sexuelles s