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TRIBUNE

Cycliste tué à Paris : «Les témoignages de violences routières affluent comme un #MeToo du vélo»

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La parole se libère chez les utilisateurs de vélos pour dénoncer les violences routières. Alors que le ministre des Transports reçoit ce lundi les associations de cyclistes, Charles Maguin, fondateur de Paris en selle, propose des mesures concrètes pour éviter ces drames.
Lors du rassemblement place de la République à Paris le 19 octobre 2024 pour rendre hommage à Paul, cycliste décédé après avoir été écrasé par un SUV. (Bertrand Guay/AFP)
par Charles Maguin, fondateur de l'association Paris en selle
publié le 20 octobre 2024 à 15h39

Mardi 15 octobre, Paul, 27 ans, rentrait chez lui à vélo. Dans le VIIIe arrondissement de Paris, un automobiliste pressé a emprunté la piste cyclable et lui a roulé sur le pied ; sous le choc de la peur et de l’indignation, Paul a tapé sur le capot du véhicule. Le conducteur de 52 ans a ensuite braqué le volant de son SUV vers Paul et l’a écrasé, selon le communiqué du parquet de Paris. Ici, l’aménagement de l’espace public n’est pas le sujet. Tout porte à penser qu’il y a eu intention de tuer, et l’automobiliste a d’ailleurs été placé en examen pour meurtre et écroué. S’agit-il d’un fait divers effroyable mais anecdotique ou bien y a-t-il des leçons à en tirer pour la société ?

Cet homicide a suscité une libération de la parole parmi les personnes qui se déplacent à vélo : les témoignages de violences routières affluent par centaines, comme un #MeToo du vélo. J’ai découvert à cette occasion que mon propre frère était rescapé d’une agression semblable, j’ai lu d’innombrables témoignages glaçants sur les réseaux sociaux, j’ai moi-même eu mon lot d’expériences éprouvantes. Si l’émotion est si forte, si tant d’anonymes s’identifient à Paul, c’est qu’il est beaucoup trop facile pour ceux qui se déplacent à vélo de se représenter la scène, de la rapprocher de leurs propres expériences