Hommage à lui. Intellectuel et militant de rue, élégant et amical, terriblement efficace, tel était Daniel Defert, agrégé de philosophie et «maître ès sida», mort le 7 février à Paris. Contemporain capital, il fut l’un de ceux qui modela le temps, accompagna nos exigences, parfois nos errements et changea notre rapport au monde. Il offrit à ce qui allait s’appeler la «société civile» un rôle de tout premier plan. Le système de santé lui doit beaucoup. Nous lui devons bien des rêves.
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En rencontrant, en 1960, le philosophe Michel Foucault, Daniel Defert vécut, selon ses termes, une longue et véritable passion. Ensemble, ils furent engagés dans bien des combats : la lutte pour l’indépendance de l’Algérie, le soutien à la cause maoïste, Mai 68, le combat contre le sida. Certains d’entre nous s’écartaient pour quelques années, puis revenaient dans la danse. Il en fut ainsi devant le maoïsme. L’amitié n’en souffrait pas.
Nos deux amis furent à l’origine des premiers mouvements qui associaient les hommes et les femmes dits «ordinaires» pour s’occuper de ce qui les concernaient tant puisqu’il s’agissait de leurs propres vies ! Des activistes, dont j’étais, se croisaient dans un immeuble moderne de la rue de Vaugirard, sur le même palier où habitaient les deux hommes : Michel porte de