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TRIBUNE

Depuis quand le monde est-il devenu un jeu dans lequel tout le monde perd ? par Etgar Keret

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Guerre au Proche-Orientdossier
Aucune de nos luttes n’arrive à son terme : les guerres ne sont pas gagnées, les résultats des élections sont sans cesse contestés, relève l’écrivain israélien Etgar Keret avant d’appeler à une pause pour mettre en place de nouvelles règles.
Manifestation pour un cessez-le-feu à Gaza, près du ministère de la Défense à Tel Aviv, le 16 décembre. (Middle East Images/Middle East Images/ABACA)
par Etgar Keret, Ecrivain
publié le 16 janvier 2024 à 7h37

Il y a quelques jours, une femme que je ne connaissais pas m’a envoyé un message sur Instagram pour m’informer qu’elle n’allait plus lire mes livres parce que je suis un lâche qui ne fait rien pour arrêter le génocide à Gaza. Je lui ai répondu que mes histoires n’avaient jamais fait bon ménage avec des personnes violentes et capricieuses, et que j’aimerais donc lui demander – en leur nom – de ne plus jamais les lire. Comme me l’a fait remarquer ma femme, ce n’était pas très gentil de ma part. Elle m’a expliqué qu’au XXIe siècle, la réponse convenable aux messages menaçants est de les ignorer.

J’ai néanmoins poursuivi le dialogue avec cette femme, qui vit au Mexique et se révèle être une personne très humaine et compatissante. Elle m’a dit qu’elle passait des heures devant la télévision, à regarder les scènes choquantes de bébés morts et de familles déplacées à Gaza, et qu’elle avait l’impression de ne rien pouvoir faire pour aider. C’était tellement bouleversant qu’elle a fini par ne plus pouvoir le tolérer et a décidé qu’elle devait faire quelque chose. Elle m’a donc écrit – le seul Israélien qu’elle connaissait, ne serait