J’ai longtemps cru, très naïvement, que les injustices commises par les forces de l’ordre procédaient avant tout d’erreurs humaines, plus que de défaillances systémiques. L’affaire dont j’ai été témoin cet été m’a fait changer d’avis. J’ai réalisé qu’au prétexte de toujours mieux nous protéger, nous avons laissé les gouvernements successifs ouvrir la porte à une banalisation de mesures très gravement attentatoires aux libertés. Et pas uniquement celles des criminels et des terroristes… ce sont nos libertés collectives qui sont aujourd’hui très concrètement menacées.
Latifa (son nom a été modifié pour la protéger) a 30 ans. Elle est algérienne et travaille en France depuis plus de dix ans. Son métier est de garder des enfants – notamment le mien, qui vient d’avoir 2 ans.
La menace de la garde à vue
Le 15 juillet dernier, elle est convoquée au commissariat. On lui annonce que désormais, il lui faudra pointer tous les matins à 8 heures et ne surtout pas être en retard ne serait-ce que d’une minute. Sinon, c’est la garde à vue. Elle ne comprend pas. «Trouve-toi un avocat !» lui assène-t-on avec le tutoiement de rigueur, hélas symptomatique de rapports entre police et citoyens trop souvent dégradés…
Renseignement pris par son avocate Marie Dosé, le ministère de l’Intérieur accuse Latifa d’avoir