Une feuille de papier et un crayon, un ordinateur, c’est tout ce qu’il faut pour écrire un poème, un roman, un scénario de film. Bien sûr, il faut également la prétention de croire qu’on a quelque chose à dire, un peu d’imagination et le désir de voir où cela nous mène. Parfois en naît une œuvre que nous aurons la chance de partager avec d’autres, lecteurs et spectateurs. Et pour cela, nous n’aurons pas eu besoin de «moissonner» l’intégralité de la littérature mondiale depuis Homère, ni la totalité des films depuis l’invention du cinéma par les Frères Lumière. Il nous aura suffi d’en avoir vu et revu une infime partie et de les avoir faits nôtres. Et d’écrire et réécrire sans relâche.
Imaginaires insoupçonnés
Aujourd’hui, on nous propose d’utiliser, à tort ou à raison, l’intelligence artificielle générative (IAG). On nous promet qu’elle «boostera» nos compétences, nous débarrassera de tâches supposées ingrates, nous offrira des gains de temps exceptionnels, et, cerise sur le gâteau, nous ouvrira à des imaginaires insoupçonnés ! Nous devrions nous réjouir. Alors, pourquoi éprouvons-nous le sentiment qu’il faut nous méfier de ce nouvel outil ?
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Rappelons d’abord avec quoi les IAG sont nourries : avec nos œuvres, livres ou scénarios, sans notre autorisation ni contrepartie aucune, au mépris du droit d’auteur. On peut même trouver indécent que des centaines de milliards d’euros soient accordées à leurs concepteurs et financiers, sans qu’une partie de ces investissements ne soit utilisée pour rémunérer les