De notre côté de l’Atlantique, Donald Trump fait peur : il représente la figure du politicien narcissique, destructeur, misogyne et raciste. Mais aux Etats-Unis, il vient d’être porté au pouvoir par 72 millions d’électeurs, pour la seconde fois en huit ans. Il n’est donc plus un accident de l’histoire, mais un tournant. Un choix représentant un courant profond chez les républicains et dans la société américaine. Hélène Harter, professeure d’histoire contemporaine à l’université Panthéon-I Sorbonne, spécialiste des Etats-Unis et rattachée au CNRS, décrit l’idéologie qui porte Donald Trump et analyse les motivations, très diverses, de ses électeurs.
Comment caractérisez-vous la large victoire de Donald Trump ?
C’est un moment historique pour les Etats-Unis. Si Donald Trump n’avait été élu qu’une fois, il n’aurait constitué qu’une note dans les livres d’histoire, coincé entre deux présidents démocrates. Maintenant qu’il y a 72 millions de personnes qui ont voté pour lui en sachant qui il est, cela représente un vote d’adhésion à ses idées. Nous vivons donc un moment conservateur de la société américaine. Cela peut être perçu comme le miroir inversé de la révolution progressiste des années 60, qui a vu la reconnaissance des droits civiques. La victoire de Trump n’est donc pas un fait isolé, elle est révélatrice d’une vague de fond importante, qui dévoile la prévalence du conservatisme aux Etats-Unis. Sans cela, il n’arriverait pas à convaincre autant d’électeurs.
Analyse
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