La victoire de Donald Trump, par-delà les cris d’horreur et les craintes (justifiées) de désastres à venir, a stupéfait ceux qui, en France comme aux Etats-Unis, se définissent comme «progressistes», pensant que «le peuple» a vocation à voter «à gauche», c’est-à-dire pour le Parti démocrate aux Etats-Unis.
Comment diable «le peuple» a-t-il pu faire un triomphe à un représentant de l’oligarchie flanqué de l’homme le plus riche du monde (Elon Musk) ?
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Comment «le peuple» issu de l’immigration et enrichi par la mondialisation du commerce peut-il approuver l’érection de grandes murailles – économiques (protectionnisme), démographiques (frontières et expulsions massives d’immigrants) ou culturelles (lois inspirées par la religion) ?
Ceux qui ont été surpris auraient dû lire Hillbilly Elegy, le best-seller de J. D. Vance, le sénateur de l’Ohio que Donald Trump a choisi comme son vice-président et successeur potentiel. Vance y fait le récit de sa jeunesse de pauvreté et de violence entre père absent et mère droguée dans une région des Appalaches peuplée de «hillbillies» («péquenots»), fermiers ou «cols-bleus» descendants d’immigrants écossais-irlandais. Région ravagée par la désindustrialisation, la disparition de la petite agriculture, le chômage, l’alcoolisme et la drogue.
La nostalgie du mythique «rêve américain»
La majorité qui a ouvert à Trump les portes de la Maison Blanche se reconnaît dans cette histoire ou l’admire. L’Elegy de Vance est empreinte de nostalgie pour un «âge d’or» perdu de l’Amérique,