Une «catastrophe». Voici le mot qui revient en boucle dans les messages de mes amis ces derniers temps. C’est le terme convenu pour commenter la victoire de Donald Trump. Sans que je sache très bien pourquoi ce qualificatif me met en rogne. J’y vois une forme de déconnexion et de mépris de classe. Comme si les Américains n’avaient pas bien voté et qu’il fallait les sermonner. Bien sûr, la victoire d’un milliardaire narcissique ne me réjouit pas. Mais elle est, à mon sens, avant tout un symptôme et une opportunité.
Le symptôme d’abord d’une gauche américaine incapable de contrecarrer le narratif de Donald Trump. Etait-ce pourtant si difficile ? L’histoire que Donald Trump raconte sur lui-même est simple : il est un self-made-man à qui tout réussit. La vérité est pourtant bien éloignée de ce bel imaginaire. Le père de Donald Trump est un magnat de l’immobilier, qui a fait profiter sa famille de la fortune très tôt. Donald Trump reçoit environ 200 000 dollars par an dès son plus jeune âge. A 8 ans, il est déjà millionnaire, et sera en capacité de reprendre à 25 ans l’entreprise familiale qu’il rebaptisera «Trump Organization». On est bien loin du self-made-man…
Les démocrates ont donc raté la possibilité de mettre dans toutes les têtes le fait qu’ils avaient en face d’eux un héritier de la pire des espèces, et de gagner ainsi cette élection. Qui a envie de voter pour un héritier dans un monde dominé par l’idéologie du mérite ? S’ils ont raté cette occasion, c’est parce que l’héri