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TRIBUNE

Drogues à Marseille : la prohibition tue

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Les ministres Retailleau et Migaud ont annoncé un énième plan antidrogue, à Marseille, le 8 novembre. Mais ce n’est pas le cannabis ou son trafic qui sont à l’origine des règlements de comptes, c’est sa prohibition. Même si personne ne prétend qu’une forme de légalisation ferait taire les kalachnikovs, elle contribuerait à réguler le marché, rappelle le journaliste Michel Henry.
Bruno Retailleau s'adressant à la presse à côté du préfet des Bouches-du-Rhône, Pierre-Edouard Colliex (à dr.), le 8 novembre 2024, à Marseille. (Clément Mahoudeau/AFP)
par Michel Henry, journaliste indépendant basé à Marseille. Ancien journaliste à "Libération".
publié le 13 novembre 2024 à 11h29

Les Marseillais sont des gens accueillants ; depuis deux mille six cents ans, on en a vu passer, des «pékins». Aussi, la visite, le 8 novembre, de deux ministres venus annoncer un énième plan contre le «narcotrafic» n’a guère suscité de vagues. On a trop vu cette scène de ministres déboulant, cette fois pour annoncer une grande «cause nationale», sans que la situation s’améliore. A Marseille, on lit l’avenir dans les lignes de coke, et on a déjà la réponse : leur «plan» risque, comme les précédents, de connaître l’échec.

Rappelons cet état de fait : la gestion des drogues est avant tout politico-politicienne. Si l’on parlait santé publique, voilà ce qu’on dirait : la pire drogue, le tabac, tue 75 000 personnes par an en France. La deuxième, l’alcool (41 000 morts), provoque un coût social annuel estimé à 102 milliards d’euros (156 milliards d’euros pour le tabac). Le cannabis, lui, arrive loin derrière : il est jugé responsable de 120 morts par an en France, dans des accidents routiers (1). Pourtant, les deux drogues les plus mortelles sont légales. L’Etat subventionne même lourdement les dealers de tabac (appelés «buralistes»), ainsi que les producteurs de vin.

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