Entre la France et l’Algérie, les tensions diplomatiques persistent. Alors que l’écrivain binational Boualem Sansal est toujours emprisonné, en France la droite et l’extrême droite instrumentalisent la mémoire coloniale. Ces polémiques médiatiques et ce bras de fer entre gouvernements ne sauraient éclipser la densité des liens intimes tissés entre les deux sociétés. De la nécessité de reconnaître les crimes de la colonisation à la valorisation d’une culture commune, Libération a voulu donner la parole à des spécialistes de cette relation aussi riche que douloureuse.
Au soir du 26 septembre 1998, dans un Bercy plein à craquer, résonne la rumeur d’un public chauffé à blanc prêt à accueillir le trio Rock and Raï formé de Khaled, de Faudel et de Rachid Taha, accompagnés d’un orchestre à cordes orientales et pop rock. Les «années raï», sont ce moment où les chansons chantées en arabe triomphent dans une France aux accents multiculturels, advenue après l’irruption de la génération «Beur» dans le sillage de la Marche pour l’égalité et contre le racisme de 1983.
A cette époque, la France regarde Faudel chez Drucker, rit aux blagues de Jamel Debbouze et s’enorgueillit du drapeau tricolore quand, au soir du 12 juille