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Libération
France-Algérie : réparer les liens (5/6)

Du raï au rap, nous pouvons encore être heureux ensemble, par Naïma Huber-Yahi

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La crise entre la France et l'Algériedossier
L’engouement des «années raï» où l’on célébrait la France «black, blanc, beur» a pris fin avec les années 1990. Mais, en danse comme en musique, la diaspora continue à enraciner une culture commune qui estompe les passions douloureuses entre les deux pays, analyse l’historienne.
Lors du concert «Un, deux, trois, soleil», avec Khaled, Faudel et Rachid Taha, à Bercy, en 1998. (Attias/Sipa)
par Naïma Huber-Yahi, historienne, commissaire de l’exposition «Ya Rayi ! Une histoire de la musique raï» à l’Institut du monde arabe de Tourcoing jusqu’au 27 juillet 2025
publié le 27 avril 2025 à 9h11

Entre la France et l’Algérie, les tensions diplomatiques persistent. Alors que l’écrivain binational Boualem Sansal est toujours emprisonné, en France la droite et l’extrême droite instrumentalisent la mémoire coloniale. Ces polémiques médiatiques et ce bras de fer entre gouvernements ne sauraient éclipser la densité des liens intimes tissés entre les deux sociétés. De la nécessité de reconnaître les crimes de la colonisation à la valorisation d’une culture commune, Libération a voulu donner la parole à des spécialistes de cette relation aussi riche que douloureuse.

Au soir du 26 septembre 1998, dans un Bercy plein à craquer, résonne la rumeur d’un public chauffé à blanc prêt à accueillir le trio Rock and Raï formé de Khaled, de Faudel et de Rachid Taha, accompagnés d’un orchestre à cordes orientales et pop rock. Les «années raï», sont ce moment où les chansons chantées en arabe triomphent dans une France aux accents multiculturels, advenue après l’irruption de la génération «Beur» dans le sillage de la Marche pour l’égalité et contre le racisme de 1983.

A cette époque, la France regarde Faudel chez Drucker, rit aux blagues de Jamel Debbouze et s’enorgueillit du drapeau tricolore quand, au soir du 12 juille