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TRIBUNE

Education sexuelle : à quand les trois heures annuelles déjà inscrites dans la loi ?

En réaction à l’étude nationale «Santé, vie affective et sexuelle», les élus PC Fabien Roussel et Léna Raud demandent que les trois séances d’information et d’éducation à la sexualité prévues dans la loi de 2001 aient bien lieu à chaque niveau de scolarité. Face aux stéréotypes véhiculés par le porno, le poids du patriarcat, des traditions et de la religion, c’est un bon moyen d’accompagner les jeunes vers une sexualité partagée.
Un groupe de collégiens et de collégiennes examine des préservatifs masculins et féminins lors d'un cours d'éducation sexuelle au collège, en classe de sixième. (Vincent Lecomte/Gamma-Rapho)
par Fabien Roussel, Secrétaire national du PCF et Léna Raud, Secrétaire nationale de l’Union des étudiants communistes (UEC)
publié le 16 novembre 2024 à 17h30

L’Inserm et Santé publique France ont récemment publié une nouvelle étude sur la santé et la vie affective et sexuelle des Français. Alors que l’actualité nous démontre chaque jour que la culture de viol ne recule décidément pas dans notre pays, la question de l’éducation à la vie affective et sexuelle doit être posée avec plus de force que jamais.

La loi est claire, chaque jeune doit pouvoir suivre trois séances d’éducation à la vie affective et sexuelle par an. Pourtant, celle-ci est loin d’être appliquée.

Un rapport du Haut Conseil à l’égalité, sorti début 2024, mettait en avant une augmentation des comportements et préjugés sexistes et violents chez les jeunes. Dans ce même rapport, il ressort que l’importance du consentement pour les jeunes est minimisée.

L’accès à la pornographie de plus en plus tôt fausse le regard sur la sexualité. Les violences véhiculées par ces contenus les banalisent, propageant une forme de désinformation sur le sujet qui pénalise les jeunes durablement. La sexualité n’est pas une affaire de violence, mais de partage et de consentement. Cela passe donc nécessairement par une protection mutuelle afin de garantir la santé de toutes et tous. C’est aussi par l’hypersexualisation des jeunes femmes que sont véhiculés et favorisés les comportements à risque. Dès le plus jeune âge, les petites filles sont associées à leur future sexualité sans que personne ne s’interroge sur les conséquences.

Accompagner la jeunesse dans son apprentissage

Puisque la sexualité ce n’est pas rien, puisque ce n’est pas un acte anodin, nous devons accompagner la jeunesse dans son apprentissage. Notre rapport à l’éducation à la vie affective et sexuelle doit changer. Il réside encore dans notre société un tabou qui met en danger les jeunes.

Face aux stéréotypes violents et dégradants véhiculés par la pornographie, face au poids du patriarcat, des traditions, de la religion et face au puritanisme, nous devons accompagner la jeunesse pour construire une société d’égalité et d’émancipation pour toutes et tous.

Pour que sexualité rime avec plaisir partagé, mettons-y les moyens ! Combien Emmanuel Macron est-il prêt à mettre sur la table pour protéger et éduquer les jeunes à la sexualité ? Pas grand-chose a priori.

Pourtant, nous avons un outil d’égalité qui permettrait cela : l’école publique, formidable outil débarrassé de tout carcan familial ou religieux, où les jeunes sont libres d’exprimer leurs doutes, leurs questionnements, leurs aspirations.

Application de la loi

Finalement, nous ne demandons pas la révolution, mais simplement l’application de la loi relative à l’éducation à la vie affective et sexuelle de 2001. Celle-ci qui rend obligatoire une information et une éducation à la sexualité à tous les niveaux de la scolarité à raison de trois séances annuelles minimum. Aujourd’hui, l’Etat se met hors la loi et ne donne pas les moyens nécessaires à la mise en place de ces séances. En 2023, deux tiers des personnes interrogées par le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes n’y ont jamais eu accès.

Une grande majorité de la jeunesse est favorable à ces trois séances. Alors, donnons-nous les moyens de protéger les jeunes par l’application de cette loi. Eduquer, c’est donner une perspective plus heureuse et sans risque à une sexualité future.

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