«Mon modèle, c’est Godard», confie Monique Wittig au sujet de son roman l’Opoponax (1964, prix Médicis). Tandis que Wittig jouit depuis quelques années d’une monumentale redécouverte, nous exhumons son premier texte critique, «Lacunary Films (on Jean-Luc Godard)», publié par le journal britannique The New Statesman en 1966. Dans ce texte inédit en français, Wittig entrevoit dans les films de Godard une poétique de la lacune qu’elle fera sienne et raffinera tout au long de son œuvre. Wittig rêve de faire du cinéma, et celui de Godard lui offre les outils qui lui permettront d’ouvrir le langage à de nouvelles possibilités esthétiques et politiques. Si le devenir commun de la littérature et du cinéma traverse l’écriture wittigienne, il est longtemps resté dans l’ombre. Peut-être nous incombe-t-il de nous y aventurer enfin et d’arpenter ces salles obscures où Wittig semble nous attendre. La voilà, un texte sur Godard à la main…
Théo Mantion, doctorant à Harvard, prépare une thèse sur Monique Wittig
«Ce discours arhétorique, brisé (…). Les unités du discours (…) sont – et doivent être – des êtres si parfaitement mobiles, qu’en les déplaçant tout au long de son poème, l’auteur engendre une sorte de grand corps animé, dont le mouvement est de translation perpétuelle, non de “croissance” interne.» Roland Barthes, «Littérature et discontinu», Critique (1962).