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TRIBUNE

Emmanuel Macron à la Sorbonne : le camp de la déraison n’a rien à faire à l’université

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Le Président est attendu jeudi 25 avril pour un discours sur l’Europe, dans la lignée de celui prononcé au même endroit en 2017. Sandra Laugier et Johann Chapoutot, enseignants à la Sorbonne, y voient une nouvelle opération de com d’un pouvoir qui passe son temps à piétiner le savoir et l’esprit critique.
Emmanuel Macron à la Sorbonne, le 25 août 2022. (Mohammed Badra /AFP)
par Johann Chapoutot, historien, professeur à Sorbonne-Université et Sandra Laugier, philosophe, professeure à Paris-I Panthéon-Sorbonne
publié le 23 avril 2024 à 17h44

Comme il y eut des «discours de Harvard» ou d’Oxford, certains aimeraient inscrire dans l’histoire leur «discours de la Sorbonne». La première tentative ayant été infructueuse (qui s’en souvient ?), les communicants de l’Elysée remettent ça. Pendant toute une journée, le Quartier latin va donc redevenir une forteresse sécuritaire pour que le monarque du moment vienne bavarder dans le grand amphithéâtre d’une université où, CRS obligent, il sera bien difficile de travailler ce jour-là.

Sur un ton affecté et laborieux, on enfilera donc des perles et des antiphrases, on bavassera «bienveillance» et «progressisme», on appellera au sursaut contre l’extrême droite dont, par ailleurs, on a tout repris. Après avoir fait voter la loi immigration, après avoir annoncé la tenue de conseils de discipline à l’école primaire, l’uniforme et le SNU et alors que l’on poursuit sans relâche les militants écologistes, les syndicalistes et les opposants politiques comme Mathilde Panot, on causera universalisme et démocratie devant un parterre d’obligés et derrière quatre cordons de gendarmes mobiles – habituel village Potemkine d’un pouvoir faible, bavard et coupé de toute réalité.

L’autoproclamé «camp de la raison» est un monument d’irrationalité

Cette propagande mensongère n’a rien à faire dans une université. Le «nouveau monde», ce pétainisme managérial, passe son temps à piétine