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TRIBUNE

En 2024, l’IA débarque dans les lycées sans aucune précaution

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Le ministre de l’Education nationale a annoncé l’introduction d’une intelligence artificielle dans des classes de seconde dès février 2024 pour aider les élèves en français et en maths. Les précédents scandales d’usages à grande échelle de l’IA dans le secteur public devraient inviter à la prudence.
Gabriel Attal lors de sa conférence de presse sur la réforme des collège et lycée, au collège Charles-Péguy de Paris, le 5 décembre 2023. (ARTHUR N. ORCHARD/Hans Lucas via AFP)
par Marius Bertolucci, Maître de conférences en science de gestion à l'université Aix-Marseille
publié le 1er janvier 2024 à 15h48

L’annonce par Gabriel Attal, ministre de l’Education nationale, de l’introduction de l’intelligence artificielle MIA Seconde de la start-up EvidenceB jouant le rôle d’un enseignant personnalisé dans les lycées pour 200 000 lycéens dès février 2024 et 800 000 d’entre eux à la rentrée de septembre, marque une rupture fondamentale. Après l’annonce de Google de nous proposer des coachs de vie réalisant ce qu’Eric Sadin nomme «l’accompagnement algorithmique de la vie», c’est désormais au tour de l’Education nationale de tomber dans le solutionnisme algorithmique. Ce faisant, dans la relation immémoriale entre l’enseignant et l’élève il faudra compter un tiers : l’IA-enseignante. La France fait un choix détonnant pour l’avenir de sa jeunesse. Faut-il rappeler que les élites de la Silicon Valley envoient leurs enfants dans des écoles sans écrans ?

Aucune preuve scientifique à l’appui

Si EvidenceB tire son nom de Evidence based education, soit «éducation basée sur la preuve», force est de constater qu’aucune preuve scientifique précise n’est mise en avant dans leur communication ou sur leur site internet. Les logos de partenaires prestigieux et les discours marketing efficaces ne sauraient remplacer une validation scientifique rigoureuse. U