Menu
Libération
TRIBUNE

En Croatie, une synagogue et le judaïsme à l’abandon?

Article réservé aux abonnés
L’historien Marc Knobel découvre un lieu déserté et la quasi disparition des juifs de ce territoire d’ex-Yougoslavie. L’occasion d’un échange sur les persistances de l’antisémitisme.
L'entrée de la synagogue de Split. (GLC Pix/Alamy)
par Marc Knobel, Historien
publié le 21 août 2022 à 15h07

Les journées chaudes se succèdent, les touristes déambulent dans le centre de Split, en Dalmatie (Croatie), c’est un va-et-vient fait de l’insouciance des vacances estivales. Comment trouver dans ces rues, la synagogue de Split ? Il me faut marcher longuement pour voir une plaque posée sur un mur, avec l’inscription «sinagoga». On a beau lever la tête, le bâtiment ne se voit pas. Il faut alors monter les marches d’un escalier pour découvrir l’oratoire. Elle a été construite en 1507, ravagée pendant la Shoah par les fascistes italiens qui ont occupé la Dalmatie, puis par les oustachis (supplétifs croates pronazis), reconstruite par la municipalité de Split en 1996 et en 2015. Elle est petite avec un plafond bleu et des murs de couleur crème, quelques bancs se font face. L’autel où est entreposée la Torah (rouleau de parchemin qui renferme le texte du Pentateuque) est sobre. A côté, se trouve une plaque où sont gravés les noms de victimes de la Shoah, pour rappeler que la barbarie nazie a ôté la vie de tous ces gens. Près d’une vitrine où sont entreposés des objets rituels, sauvés de la guerre, un homme décrit le lieu et raconte l’histoire bouillonnante des juifs de l’ex-Yougoslavie, une des plus anciennes communautés juives en Europe. Les premiers juifs sont arrivés à l’époque romaine, sous le règne de l’empereur Dioclétien (243-313). Pendant la guerre, près de 80% des juifs de Croatie disparaissent, déportés ou tués, parce qu’ils combattaient les fascistes et les nazis. Il n