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Libération
TRIBUNE

En finir avec le mythe du manque de moyens de la police

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Si le discours sur la paupérisation des forces de l’ordre est partout, il n’apparaît pas dans les comptes de l’Etat : les données montrent que les forces de l’ordre sont le véritable enfant chéri des gouvernements depuis près de trente ans, et de loin, rappelle l’économiste Paul Rocher.
Des gendarmes mobiles dans le quartier de Barbès à Paris, en mai 2021, lors d'une manifestation en soutien aux Palestiniens. Les forces de l'ordre avaient fait usage de gaz lacrymogène et de canons à eau contre les participants. (Geoffroy Van Der Hasselt/AFP)
par Paul Rocher, économiste.
publié le 7 octobre 2022 à 21h19

«La police manque de moyens.» Cette affirmation est devenue une évidence au point d’inspirer les arbitrages budgétaires du gouvernement. En effet, on ne compte plus les annonces faramineuses du gouvernement en faveur de la place Beauvau. Avec près de 3 000 policiers et gendarmes supplémentaires pour le seul exercice budgétaire de 2023, le ministère de l’Intérieur devance toutes les autres branches de l’Etat, de loin. Cette priorité accordée aux forces de l’ordre s’inscrit dans l’objectif général de doubler leur présence sur la voie publique à l’horizon 2030. Pour y parvenir le gouvernement ne ménage pas ses efforts. Pas moins de 15 milliards d’argent public frais alimenteront le budget de Beauvau pendant le quinquennat. Une hausse considérable qui représente 66 % du budget annuel du ministère de l’Intérieur.

Pourtant, si le discours sur la paupérisation des forces de l’ordre est partout, il n’apparaît pas dans les comptes de l’Etat. Pour s’en apercevoir, il suffit d’observer la courbe des dépenses publiques pour les services de police, qui rend compte de la dotation des forces