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TRIBUNE

En fuyant la Russie de Poutine pour la France, j’ai trouvé un refuge que je ne veux pas voir disparaître

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Dissident arrivé en France il y a deux ans, Alexandre Lavut s’inquiète du projet du RN, qui trahit toutes les valeurs humanistes de la France. Il ne veut pas que la haine devienne un principe politique, comme elle l’est dans son pays d’origine.
La candidate Le Pen à la présidentielle de 2017 en réunion avec le président Poutine, au Kremlin, à Moscou. (Klimentyev Mikhail/Tass. Abaca)
par Alexandre Lavut
publié le 5 juillet 2024 à 5h35

Je suis arrivé en France il y a deux ans. Après le début de la guerre en Ukraine, tous les Russes qui n’étaient pas d’accord avec la politique de Vladimir Poutine ont dû faire un choix : le silence, la prison ou l’émigration. J’ai choisi la dernière option et me suis retrouvé dans un pays européen et démocratique qui représentait pour moi toutes ces valeurs essentielles d’une société libre et ouverte que je voulais tant construire en Russie.

Aujourd’hui, cette société-là est gravement menacée. Les élections législatives sont une épreuve démocratique, morale et éthique pour chaque citoyen français, car le projet proposé par les forces de l’extrême droite est une rupture fatale avec l’histoire de la France, qui n’a jamais, depuis la Seconde Guerre mondiale, été aussi proche d’une chute entre les mains des populistes de droite, dont la seule arme est la haine. Cette haine nourrie par le racisme, le sexisme, l’homophobie. Par l’orgueil qui cache le commun entre les hommes pour mettre en avant leurs différences.

Car oui, la suppression du droit du sol est une trahison de la France des cinq derniers siècles, de ses enfants quelles que soient leurs origines. Oui, le remplacement de l’Aide médicale d’Etat par une aide vitale d’urgence est une trahison des valeurs humanistes de la France. Oui, la priorité nationale d’accès au logement social et à l’emploi est une trahison de ceux qui travaillent pour la France