Menu
Libération
TRIBUNE

En Israël, la politique du chaos de Benyamin Nétanyahou

Article réservé aux abonnés
En menant le gouvernement le plus à droite de l’histoire du pays, le Premier ministre se dit peut-être qu’après avoir semé le chaos et récolté ses fruits – la destruction des institutions et de tout ce qui exhale le moindre relent de «gauchisme» – il pourra revenir en arrière. Mais on ne revient pas de là où il nous a menés.
Des Israéliens manifestent devant la Knesset, lors du serment du gouvernement Nétanyahou, à Jérusalem, le 29 décembre 2022. (Ammar Awad/REUTERS)
publié le 29 décembre 2022 à 12h04

Tout ce qui s’est passé en Israël depuis les élections législatives est ostensiblement légal et démocratique. Mais derrière cette façade, comme cela s’est produit plus d’une fois au cours de l’histoire, les graines du chaos, de la vacuité et du désordre ont été semées au cœur des institutions les plus essentielles du pays.

Je ne parle pas seulement de la promulgation de nouvelles lois, aussi extrêmes et scandaleuses qu’elles soient, mais d’un changement plus profond, plus fatidique, un changement de notre identité, du caractère même de l’Etat. Or, ce changement n’était pas l’enjeu du scrutin. Les Israéliens n’ont pas voté là-dessus. Pendant toute la durée des négociations qui ont mené à la formation d’un nouveau gouvernement, un verset du livre d’Isaïe n’a cessé de me revenir à l’esprit : «Malheur à ceux qui appellent le mal bien, et le bien mal, Qui changent les ténèbres en lumière, et la lumière en ténèbres, Qui changent l’amertume en douceur, et la douceur en amertume !»

En bruit de fond, aussi lancinant qu’un supplice, j’entends en boucle le député Moshe Gafni qui proclame : «La moitié de la population étudiera la Torah et l’autre moitié servira dans l’armée.» Et chaque fois, cela me met le cerveau en ébullition, en partie cette fois pour de tout autres raisons. Les négociat