Tout ce qui s’est passé en Israël depuis les élections législatives est ostensiblement légal et démocratique. Mais derrière cette façade, comme cela s’est produit plus d’une fois au cours de l’histoire, les graines du chaos, de la vacuité et du désordre ont été semées au cœur des institutions les plus essentielles du pays.
Je ne parle pas seulement de la promulgation de nouvelles lois, aussi extrêmes et scandaleuses qu’elles soient, mais d’un changement plus profond, plus fatidique, un changement de notre identité, du caractère même de l’Etat. Or, ce changement n’était pas l’enjeu du scrutin. Les Israéliens n’ont pas voté là-dessus. Pendant toute la durée des négociations qui ont mené à la formation d’un nouveau gouvernement, un verset du livre d’Isaïe n’a cessé de me revenir à l’esprit : «Malheur à ceux qui appellent le mal bien, et le bien mal, Qui changent les ténèbres en lumière, et la lumière en ténèbres, Qui changent l’amertume en douceur, et la douceur en amertume !»
En bruit de fond, aussi lancinant qu’un supplice, j’entends en boucle le député Moshe Gafni qui proclame : «La moitié de la population étudiera la Torah et l’autre moitié servira dans l’armée.» Et chaque fois, cela me met le cerveau en ébullition, en partie cette fois pour de tout autres raisons. Les négociat